(Article publié initialement sur ProximaMobile)
Exploration spatiale, robots, intelligence artificielle : les anticipations des auteurs de science fiction nourrissent, depuis Jules Verne et HG Wells, l’imaginaire des scientifiques et des ingénieurs.
La série Star Trek occupe une place singulière dans l’univers de la science-fiction : par l’ambition des thèmes abordés ; par l’ampleur du cycle (900 épisodes, six séries, auxquels il convient d’ajouter 11 longs-métrages, le tout étalé sur 43 ans : de1966 à 2009) ; par l’inventivité de ses concepteurs en matière de technologies ; enfin, par l’attention qu’ils portèrent au design et aux interfaces des objets technologiques réunis
Certaines des technologies présentes dans Star Trek avait déjà été imaginées ou esquissées par des auteurs de science fiction ou scénaristes : le mérite des concepteurs de Star Trek, son producteur initial, Gene Roddenberry http://fr.wikipedia.org/wiki/Gene_Roddenberry, et son directeur artistique, Michael Okuda fut d’assembler ces technologies en un ensemble cohérent à bord de l’Enterprise (et plus généralement tous les vaisseaux de la StarFleet, la flotte spatiale) : si le voyage spatial à vitesse supraluminique ou la téléportation relèvent de la spéculation, Star Trek anticipe, avec 20 ou 30 ans la mise au point des technologies de réalité virtuelle ou d’hologrammes.
Les intuitions de Gene Roddenberry se sont avérées particulièrement stimulantes dans le domaine des technologies mobiles. Des le premier épisode de Star Trek, en 1966, l’équipage de l’Enterprise est équipé de toute une série d’équipements portables et miniaturisés : communicator, tricorder, PADD, Universal Translator.
Le communicator est un terminal de poche qui permet de téléphoner et d’échanger des informations au sein du vaisseau spatial et avec les personnels en mission au sol.
Dès sa première apparition, il était équipé d’un clapet. Martin Cooper, qui mit au point en 1973 chez Motorola le premier téléphone portable reconnaît qu’il eut l’idée de réaliser un téléphone sans fil en regardant la série télévisée « Star Trek ». Le communicator se décline, au fil des épisodes et des saisons, sous la forme d’oreillettes (qui inspireront les oreillettes Bluetooth) ou d’un bracelet : il sera remplacé dans les saisons plus récentes de la série par le Combadge : placé sur la poitrine, ce badge, intégré dans l’insigne de StarFleet, est activé par une pression de la main : il permet de localiser un individu où qu’il se trouve à bord, de lui adresser directement un message ou de lui ouvrir un canal spécifique.
Le PADD (Personal Access Display Device) désigne les tablettes numériques qui effectuent les toutes sortes de tâches à bord vaisseaux de Starfleet.
Le tricordeur est un terminal en forme de tablette destiné à recueillir des données (conditions régnant sur une planète, physiologie des espèces extra-terrestres), à détecter des évènements et formuler des diagnostics. Il permet de réaliser des diagnostics médicaux. Une psychotricordeur apparaîtra plus tard pour la santé mentale des humanoïdes. Le concours organisé par la fondation X Prize destiné à mettre au point un appareil mobile capable de diagnostiquer de nombreuses pathologies se réfère explicitement au Tricordeur.
L’Universal Translator, lui aussi miniaturisé, permet de traduire en temps réel les langues pratiquées par les civilisations extra-terrestres. Le traducteur universel analyse les structures d’une langue et crée une matrice de traduction qui permet des échanges verbaux ou des transferts d’informations en temps réel. Sa base de données recense les langues déjà identifiées : en présence d’une variante d’une langue racine connue, l’appareil est capable d’analyser la nouvelle langue et d’en proposer une traduction exacte. La pièce maîtresse est le traducteur universel qui contient un ensemble d’algorithmes récursifs qui peuvent traduire les formes inconnues de communication. Régulièrement les données générées par les traducteurs universels sont réinjectées dans les protocoles de communication après validation par les spécialistes en linguistique de la Fédération.
C’est sans doute dans le domaine des interfaces que l’empreinte de Star Trek aura été la plus forte. Si certains appareils disposent encore de boutons, la plupart d’entre eux disposent d’écrans tactiles.
Les designers de Star Trek conçurent aussi une interface graphique fictive, LCARS (Library Computer Access and Retrieval System) : tous les écrans de l’Enterprise (écran géant dans le poste de pilotage, consoles, pupitres, tablettes tactiles) utilisent ce même langage visuel de représentation pour afficher les informations. En hommage a leur concepteur, on baptisa, par la suite, Okudagrammes, ce langage de représentation, qui inspira plusieurs interfaces graphiques dans l’univers du logiciel libre.
A l’occasion des versions successives de la série, les designers de Star Trek, sous la houlette de Michael Okuda, rédigèrent, à l’intention des scénaristes, puis du public, cinq manuels techniques, pour décrire et codifier les technologies mises en œuvre dans la série et les fonctionnalités des appareils.
En 1976, en hommage à Star Trek, la NASA choisit de nommer Enterprise le prototype de navette spatiale.
Voir aussi
12 Star Trek gadgets that became reality
Star Trek Tech We Use Today (Almost)