Quel intérêt l’eurodéputée Michele Rivasi peut-elle bien trouver à dialoguer avec Pierre Chaillot ?

La tournée de promotion de Pierre Chaillot autour de son livre covido-sceptique Covid 19, ce que révèlent les chiffres officiels a pris un tour inattendu avec un débat en livestream organisé le 13 avril par l’eurodéputée écologiste Michele Rivasi dans une salle du Parlement européen. Dans ce livre qui caracole depuis plusieurs semaines en haut du classement des ventes en France, Pierre Chaillot s’attache à démontrer, en 471 pages, que le Covid n’a causé aucune surmortalité, que la France n’a connu aucune saturation hospitalière, qu’il n’y a pas eu de malades, et très peu de cas, que ce sont les confinements qui ont tué, relayés ensuite par les vaccins. Luc Peillon, dans Libération, a fait l’effort de vérifier et de réfuter « le grand théâtre covido-sceptique de Pierre Chaillot » et tout récemment Nicolas Berrod dans le Parisien.

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Données et modèles dans le gouvernement de l’épidémie


Article publié dans le numéro de le N° 21 de la revue Enjeux numériques-Annales des Mines: Données et modèles : Technopolitique de la crise sanitaire

Par Maurice RONAI et Aymeril HOANG

Première grande pandémie du XXIe siècle, la crise du Covid-19 a révélé l’impréparation des systèmes de santé et les limites de la « transformation numérique » des administrations. Cette « crise des données », inégale selon les pays, a donné lieu à une mobilisation sans équivalent : modélisations, foisonnement d’enquêtes, construction dans l’urgence de systèmes d’information, exploitation de nouvelles sources de données, accélération de la production statistique, enquêtes répétées de prévalence sur des échantillons de la population, déploiement de dispositifs pour la recherche et le suivi des contacts.

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Dr Tableur & Mr. Excel. Les outils de structuration souple des données dans la crise sanitaire

Par Godefroy Beauvallet et Maurice Ronai

Article publié dans le numéro de le N° 21 de la revue Enjeux numériques-Annales des Mines: Données et modèles : Technopolitique de la crise sanitaire

À l’hôpital, il semble que tout le monde déteste Excel, et ce qu’il représente ou symbolise[1] : Excel y cristallise la mise au pas des soignants par les gestionnaires, les indicateurs désincarnés plutôt que la compréhension des situations concrètes, et les objectifs contraignant les décisions prises « au pied du lit du malade » par l’équipe soignante. Métonymie du « management par les nombres » induisant le « travail empêché »[2], Excel est vu comme un « fardeau administratif », source de démotivation et de mauvaise qualité des soins. Il en vient à générer chez les soignants une allergie-réflexe conduisant à condamner a priori toute activité qui se déroule via son interface, quand bien même il s’agirait sur le fond d’une tâche légitime et nécessaire à la prise en charge des patients[3].

Et pourtant, de nombreux témoignages de terrain et narrations d’observateurs signalent que ce même outil a été mobilisé au premier chef dans la gestion de la crise  Covid, où il se révélait utilisable là où aucun système d’information structuré ne permettait plus de gérer la complexité des situations et la variété des sujets.

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Technopolitique d’une crise sanitaire (Etats-Unis, Allemagne, Japon, Royaume Uni)

Article publié dans le numéro de le N° 21 de la revue Enjeux numériques-Annales des Mines: Données et modèles : Technopolitique de la crise sanitaire

La pandémie a révélé les failles du numérique public. Aux Etats-Unis, en Allemagne, au Japon, au Royaume Uni, notamment, l’heure est aux retours d’expérience[1].

En 2019, quelques mois avant la pandémie, le Global Health Security Index, qui mesure la capacité de 195 pays à se préparer aux futures épidémies et menaces biologiques – plaçait les États-Unis en tête de son classement, suivi par le Royaume-Uni, la France arrivant au onzième rang, l’Allemagne au 14ème. Ces notations rassurantes, se sont avérées souvent trompeuses[2].

Au Japon, aux Etats-Unis comme en Allemagne, le sous-équipement numérique du systéme de santé ou celui des administrations,  ont entravé les réponses à la crise sanitaire, ouvrant la voie à une introspection collective et à des  révisions de politiques. Ce qui frappe , dans le cas du Royaume Uni, c’est le décalage entre une chaotique gestion politique de la crise sanitaire et l’excellence de son système de surveillance épidémiologique.

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Épidémiologie participative : quand le public participe à la surveillance et à la compréhension du Covid-19

Article publié dans le numéro de le N° 21 de la revue Enjeux numériques-Annales des Mines: Données et modèles : Technopolitique de la crise sanitaire

Sophie Pène et Maurice Ronai

En avril 2020, une équipe de recherche[1] entreprend l’étude du cluster de Covid-19 alsacien, apparu en février lors d’un événement rassemblant 2 500 personnes à Mulhouse. Une enquête d’une centaine de questions est adressée à tous les habitants du Haut-Rhin, via la presse. Du 22 avril au 4 juin 2020, 1 226 ménages résidant dans le département du Haut-Rhin, représentant 3 350 individus, ont pris part à cette enquête. 883 (72,0 %) ont déclaré au moins un cas suspect, et 1 516 personnes ont connu les symptômes communément attribués au Covid-19. L’enquête met au jour le rôle du rassemblement évangélique (du 17 au 21 février 2020) dans la propagation, et documente le délai d’apparition des symptômes, la dépendance aux variables personnelles, le trajet de la propagation avant et après l’événement religieux, en particulier dans les milieux scolaires, professionnels et associatifs.

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Symbiose Hollywood-Pentagone : de Wings à Top Gun Maverick

Article publié dans « Les Lettres, les Arts et la Guerre », Les chemins de la Mémoire hors-série – novembre 2022.

La sortie de Top Gun-Maverick attire une fois de plus l’attention sur l’implication des forces armées états-uniennes dans la production cinématographique.

Comme ce fut le cas pour son prédécesseur de 1986, Top Gun : Maverick a bénéficié d’une « coopération totale » de la Navy. Son récit est totalement aligné avec les objectifs tant du Département de la Défense (susciter des vocations de pilotes) et de la Navy, toujours aussi soucieuse de rappeler l’existence d’une force aéronavale distincte de l’US Iar Force, et de s’affirmer face à cette dernière, en exhibant ses porte-avions, ses missiles de croisière et ses F-18 Super Hornet.

Pour illustrer la nature des relations qui se sont nouées, depuis près d’un siècle, entre l’institution militaire et les studios, tout en restituant la genèse de Top Gun : Maverick, on revient ici sur trois autres films, trois cas d’école.

  • Wings, en 1927, jette les bases d’un sous-genre : le film de combat aérien
  • Officier et Gentleman met en scène des élèves-pilotes de la Navy. Ce film illustre les arbitrages que doivent rendre les forces armées (ici, la Navy) face aux projets de films qui leur sont soumis. Des exigences trop élevées quant à l’image qu’elle souhaitait donner d’elle-même conduisirent la Navy a refusé d’apporter son assistance a un film qui rencontrera le succès en 1982.
  • Top Gun en 1986 constitue un cas d’école d’une coopération profitable pour ses producteurs (avec des recettes qui en firent le film le plus rentable de l’année 1986) et pour les forces armées, avec un bond de 500% des recrutements).

Les forces armées américaines ont perçu très tôt l’intérêt de favoriser la production de films de guerre et de combat. Pour susciter des vocations militaires et favoriser le recrutement. Valoriser leur image. Pour instaurer un lien de confiance avec le peuple américain. Ou le restaurer quand nécessaire. Pour raconter, rejouer, reconstituer les grands moments de l’histoire des Etats-Unis : son histoire militaire, en premier lieu. En proposer un récit héroïque et fédérateur. Pour projeter, enfin, dans le monde, l’image d’une armée puissante et d’une nation bienveillante.

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Gestion numérique de la crise sanitaire : quelques enseignements

Article publié dans Au-delà des enjeux, quels avenirs ? Annales des mines-Enjeux Numérique N° 20, Décembre 2022

La crise du Covid-19 est la première grande pandémie du XXIe siècle. Nous n’avons pas fini d’en analyser les conséquences. Parmi d’innombrables enseignements, elle a constitué le premier test majeur de la capacité du « numérique » à nous permettre de faire face aux épisodes de confinement et aux restrictions de déplacement.

C’est aussi la première crise sanitaire gérée numériquement. De bout en bout. Enfin presque : surveillance de l’épidémie, modélisations, pilotage des capacités hospitalières, téléconsultation, mise en œuvre des campagnes de test, puis du vaccin, traçage des contacts, suivi des patients à distance.

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Chronique de la crise sanitaire (Mars 2020-2023)

J’ai profité de l’été pour compiler et rassembler sur une seule page les divers textes que j’ai consacrés à la gestion de la crise sanitaire.

Dans Libération

Pour faire la guerre au virus, armons numériquement les enquêteurs sanitaires

Pourquoi se focaliser sur une application qu’il faudra discuter à l’Assemblée nationale et qui risque de ne jamais voir le jour, alors que nous devrions déjà nous concentrer sur la constitution et l’outillage numérique d’une véritable armée d’enquêteurs en épidémiologie ?

Tribune de Didier Sicard, Président d'honneur du Comité National d'Ethique, Benoit Thieulin, ancien président du Conseil national du numérique, Maurice Ronai, ancien commissaire à la Cnil, Godefroy Beauvallet, ancien vice-président du Conseil national du numérique et Sophie Pène, Professeure à l'Université Paris Descarte

N° 21 de la revue Enjeux numériques-Annales des Mines: Données et modèles : Technopolitique de la crise sanitaire

Enjeux numériques-annales des Mines n° 14 – Juin 2021 – Réponses numériques à la crise sanitaire

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La Commission d’enrichissement de la langue française a publié au Journal Officiel l’expression «Etat profond» comme équivalent français de « Deep State ».

Gouvernement allemand et Länder misent sur l’open source pour le projet «d’espace de travail souverain» des agents publics.