Allemagne : le mur entre Wessis et Ossis

En 1992, les regards étaient tournés vers l’Allemagne: la coûteuse intégration de l’ex-RDA et l’afflux d’immigrés ont soumis la société allemande a de profondes tensions sociales (la grève des services publics en mai 1992 : onze jours,  l’une des plus longues grèves de l’histoire de l’Allemagne fédérale ) et surtout interraciales. La mobilisation tardive mais réelle de l’opinion face à l’extrême droite, le bon fonctionnement des institutions et la poursuite de la consommation ont permis à la société allemande  de franchir un cap difficile.

L’intégration de l’ex RDA s’avère beaucoup plus coûteuse que prévu: les  transferts financiers vers les Länder de l’Est vont peser durablement sur le niveau de vie des allemands de l’ouest. Les tensions qui en résultent peuvent radicaliser  l’opposition entre Wessis et Ossis : même avec une croissance de 7 ou 8% par an dans  les Länder de l’est, il faudra plus de vingt ans aux populations de l’ex-RDA pour rattraper le niveau de richesse des Länder de l’ouest.

Les risques les plus graves résident dans la cristallisation de la  frontière invisible qui   sépare  les  citoyens-consommateurs-contribuables  de l’Ouest, déjà lassés de consentir des sacrifices  (110 milliards de marks seront transférés à l’est chaque année) et les allemands de l’Est, dévalorisés comme citoyens ( les cadres politiques, économiques  et administratifs viennent de l’Ouest), comme producteurs (« Ils sont moins productifs« ) , comme consommateurs ( « Ils dépensent plus qu’ils ne gagnent »), comme contribuables ( « les transferts de l’est vers l’ouest financent la consommation alors que priorité devrait être donnée à l’investissement »).

Toutes les institutions allemandes, notamment les fondations et les églises, oeuvrent à réduire ces tensions  et à mobiliser les réserves de vitalité.  Le consensus entre les formations politiques, l’augmentation des impôts, la baisse des taux d’intérêts,  la reprise de la croissance  (après l’effondrement de l’économie) et  les gains de productivité à l’Est devraient permettre au pays  d’aborder les prochaines années en meilleure posture économique .

Publié dans  Veille Sociovision 13  (Décembre 1993) 

 

 

 

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