A l’exception de Michael Moore, Hollywood n’avait pas prévu la victoire de Donald Trump. Que s’est-il passé ?
La presse cherche, à toute force, dans les films et les séries passées, des allusions ou des préfigurations du magnat de l’immobilier (Idiocracy, Simpsons).
Surgit aussi une question : les fictions politiques auraient-elles (évidemment parmi de nombreux autres facteurs) préparé les esprits à l’élection d’un candidat qui a fait de la dénonciation du marigot washingtonien et de ses élites corrompues un axe de sa campagne. On pense à la série Veep (la satire cruelle d’une vice-présidente totalement incompétente et d’une classe politique animée par de médiocres ambitions) mais surtout à House of Cards.
De The West Wing à House of Cards, Il s’est opéré un retournement dans la représentation de la Présidence et du monde politique.
Les séries politiques des années 2000 partageaient le même idéalisme que The West Wing.
- Commander in Chief (2005-2006) se voulait une version féminine de he West Wing. Political Animals (2012), directement inspiré du couple Clinton, mettait en scène un ex-président et sa femme, promue Secrétaire d’État, après avoir été battue aux primaires.
- Madam Secretary (2014-2017) exaltait la figure d’une ex-agente de la CIA nommée à la tête du Département d’État.
- State of Affairs (2014-2015) mettait en scène une analyste de la CIA qui rend compte directement à la présidente des États-Unis (première présidente de série, à la fois femme et noire) afin de prévenir les menaces et les attaques sur le sol américain.
Aucune de ces séries ne rencontra le succès.
Au cours des années 2010, un virage s’opère avec Boss (le portrait du maire de Chicago et de sa lutte pour garder le pouvoir malgré une grave maladie), Scandal et surtout House of Cards.
House of Cards prend le contre-pied de The West Wing : une vision cynique et désabusée, faite d’ambition, d’intrigues, de manœuvres, de coups tordus et de chantage.
Que nous dit ce retournement des séries politiques sur les doutes et les troubles de la société américaine ? Dans quelle mesure les succès de Boss et The House of Cards annonçaient-ils la victoire de Donald Trump ?