Léon Blum et la propriété intellectuelle

« Notre inventeur viendra nous répliquer :  » Ma fortune est cependant bien à moi : je l’ai gagnée ; elle est le fruit de ma découverte, le produit de mon travail.  » Mais est-il vrai que sa découverte soit bien à lui ? Le même homme l’aurait-il menée à terme, vivant seul dans une île déserte, ou naissant dans quelque tribu sauvage de l’Océanie ? Ne suppose-t-elle pas, au contraire, tout l’actif préalable au travail humain ? N’est-elle pas pour le moins, le résultat d’une collaboration, d’une coïncidence entre son génie individuel et l’effort collectif de la civilisation ? La collectivité devrait donc, pour le moins, recueillir sa part du bénéfice. Pourquoi s’en trouve-t-elle frustrée, non seulement au profit de l’inventeur lui-même, mais de ses descendants jusqu’à la dernière génération ?… Et cet exemple ne vous fait-il pas toucher du doigt l’injustice foncière qui gît à la racine même des modes actuels de la propriété ?  » Léon Blum,  Pour être socialiste, 1919. 

Léon Blum rédige Pour être socialiste  en septembre 1919, quelques semaines avant la campagne électorale. C’est une défense et illustration de la doctrine jaurésienne… Dans un passage consacré à l’inventeur, Léon Blum retrouve l’intuition de Karl Marx, tant commentée, sur le « general intellect » : la socialisation de la production des connaissances….

Ce texte de 1919 est daté dans le lien qu’il établit entre progrès technique, concentration et chômage… Mais il préfigure certaines des critiques contemporaines de la propriété intellectuelle.

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