Disposons nous de la bonne organisation pour contrôler la circulation du virus ?

Les centres d’appels de la CNAM risquent d’être vite débordés si les médecins jouent le jeu et transmettent à la CNAM les « contacts » que les personnes testées positives auront accepté de leur communiquer. Et s’ils ne sont pas débordés, c’est que le dispositif aura manqué sa cible. 

L’expérience des épidémies nous enseigne qu’il faut des « travailleurs de santé », en nombre, professionnels et volontaires pour casser les chaînes de transmission. Pour identifier et circonscrire les foyers (nouveaux mais aussi anciens) de propagation. Pour identifier et isoler, le cas échéant,  les « propagateurs potentiels » du virus que sont les personnes en contact chaque jour avec des centaines de personnes

Le dispositif des 3000 agents dans les centres d’appel de la CNAM, même renforcés par les 200 épidémiologistes des ARS est-il dimensionné pour faire face a cette mission ?

Ne conviendrait-il pas de s’inspirer du dispositif mis en place en Autriche, avec ces ambulances qui circulent à Vienne, prêtes à se rendre au domicile d’une personne qui manifeste des symptômes avancés de la maladie ? Est il prudent d’attendre que cette personne obtienne un rendez-vous avec son médecin (24h), que celui-ci lui recommande d’aller se faire tester, qu’elle le fasse le lendemain, puis attendre encore 24 ou 48 heures avant d’en connaître les résultats pour qu’un médecin ou un agent de la CNAM la contacte, lui prescrive les mesures d’isolement appropriées (et lui signe un arrêt de travail) ? C’est une course de vitesse.

Faut-il attendre qu’un facteur manifeste les signes de la maladie pour qu’il aille se faire tester ? Ne serait-il pas plus prudent de mener des tests de manière proactive auprès des contrôleurs SNCF ou RATP, enseignants, pharmaciens, commerçants, postiers, agents dans les guichets, conducteurs, policiers, bénévoles assurant des distributions, et bien sûr acteurs de santé…

Faut-il attendre que plusieurs personnes dans une entreprise, dans une prison, dans un foyer de travailleurs manifestent les signes de la maladie pour identifier un foyer de propagation ? Ne conviendrait-il pas d’étendre le dispositif Covisan, mis en place par l’AP-HP, pour aller au-devant de ces foyers, avec des unités de dépistage mobiles ? Et s’appuyer, outre les médecins de villes, sur les infirmiers et infirmières libéraux, les centres médicaux sociaux ou les CPTS, les communautés territoriales de santé.

Il convient, d’ores et déjà, d’imaginer un dispositif d’équipes mobile pour aller au-devant des foyers de transmission pour éteindre les départs de feu.

Une feuille de route technologique pour l’État (suite)

L’idée selon laquelle l’Etat peut et doit se doter d’une feuille de route technologique fait son chemin.

J’en traçais ici la perspective en septembre 2012 .

On la retrouve dans le rapport  que Tariq Krim avait préparé à la demande de Fleur Pellerin (alors ministre déléguée chargée du Numérique).  Lire la suite

Lutte contre la fraude fiscale : quand le législateur s’intéresse au code des logiciels de comptabilité

Le Parlement a introduit une disposition très intéressante, quasi-lessiguienne (Code is Law)  dans la loi relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière.

Cette loi prévoit l’obligation pour entreprises ou les opérateurs qui conçoivent ou éditent des logiciels de comptabilité, de gestion ou des systèmes de caisse de « présenter à l’administration fiscale, sur sa demande, tous codes, données, traitements ou documentation qui s’y rattachent » (CGI, LPF, art. L. 96 J). Lire la suite

Les systèmes d’information de l’Etat (Extrait du Rapport TerraNova)

Un groupe de travail présidé par Jacques Sauret, ancien président de l’Agence pour le développement de l’administration électronique (et auquel j’ai pris part) s’est réuni tout au long de l’année 2013, dans le cadre de la Fondation Terra Nova.  

Le rapport vient d’être publié. 

Baptisé « L’action publique et sa modernisation : La réforme de l’Etat, mère de toutes les réformes », ce rapport dégage une perspective et un recul sur ce sujet, tout en proposant des séries de recommandations destinées à transcrire dans les actes le diagnostic effectué.

On y retrouve l’écho d’un certain nombre de diagnostics et de propositions déjà présents dans le rapport Rocard République 2.0. Lire la suite

0bama et les développeurs

Le site de la Maison Blanche consacre une page spécifiquement dédiée aux développeurs.

Le Président Obama y fait valoir initiatives qu’il prend ou qu’il a prises  dans le domaine de l’open government et de l’open data. Y affiche l’intérêt qu’il porte a l’open source. Et liste les contributions de son équipe à des projets open source.

obama developers

Smart Disclosure : de quoi s’agit-il ?

(Mis à jour: 5 décembre 2012)

Le concept de « Smart Disclosure » se fraye une place dans le débat public français.

En envisageant de moduler la fiscalité des entreprises numériques selon la nature des données qu’elles restituent à leurs clients ou abonnés (plus l’entreprise met à disposition les données qu’elle récolte, moins elle serait taxée), les deux rapporteurs de la Mission Fiscalité numérique sont en passe de populariser le concept de « Smart disclosure ».

De quoi s’agit-il ? Lire la suite

Une « Feuille de route technologique » pour l’Etat

Le Ministère chargé de l’économie numérique dispose de moyens limités : budget et services. Il n’a aujourd’hui aucune autorité institutionnelle pour se faire entendre des autres ministères.

C’est par sa capacité à éclairer les évolutions technologiques et à expliciter les enjeux techno-industriels qu’il pourra s’imposer, peser sur les stratégies numériques des ministères et contribuer à numériser  les politiques publiques. En premier lieu dans les domaines clés de la santé, de l’énergie et de l’éducation.

À cette fin, le ministère délégué à l’économie numérique pourrait s’assigner l’objectif d’initier l’élaboration d’une feuille de route technologique pour l’Etat.  Lire la suite

Les perspectives de l’open source pour les objets médicaux connectés

À mesure qu’ils se sont miniaturisés et sont devenus plus performants, les systèmes et les logiciels des objets médicaux portables (pompes à insuline, simulateurs cardiaques, défibrillateurs, etc.) sont aussi devenus plus complexes. De véritables « cathédrales» de codes embarqués sont désormais au cœur des nouvelles générations d’objets et appareils médicaux connectés. Le logiciel d’un stimulateur cardiaque peut ainsi compter plus de 80 000 lignes de code, 170000 pour une pompe électrique et 7 millions de lignes pour un appareil IRM (imagerie par résonance magnétique). De ce fait, les objets médicaux, comme tous les autres appareils numériques, sont de plus en plus exposés aux bugs et autres plantages. Selon les chercheurs de l’Université de Patras en Grèce, un appareil médical sur trois vendus en Amérique entre 1999 et 2005 aurait été rappelé pour cause de défaillance logicielle. Lire la suite

La préférence française pour les technologies numériques de souveraineté

Le seul domaine dans lequel nos gouvernements ont conduit avec constance une politique industrielle me semble être celui des technologies du contrôle et de la sécurité : carte à puce, technologies d’identification, biométrie.

Les acteurs des technologies de sécurité proviennent, pour faire vite, de deux horizons : le complexe militaro-industriel (Thalès, Safran, EADS) et  celui des cartes à puces. La France compte ainsi avec Morpho (groupe Safran), Gemalto et Oberthur, 3 des 5 leaders mondiaux des technologies de la carte à puce.

Dans ce domaine, on peut parler d’une politique industrielle, menée avec continuité… par le Ministère de l’Intérieur. Lire la suite

Un Chief Technology Officer pour redonner de l’agilité à l’action publique

Dans une société où l’informatique outille l’ensemble des politiques publiques, la décision politique s’incarne désormais dans des choix techniques tout autant que dans les textes juridiques et les décisions budgétaires.

Le numérique ne peut plus être considéré comme relevant d’une « intendance qui suivra ». Si les systèmes d’information qui sous-tendent les politiques publiques ne sont pas pris en compte en amont, ils peuvent freiner ou entraver leur mise en œuvre. Lire la suite