Blockchain dans le domaine de l’énergie : où en est-on ?

Article initialement paru sur Le Monde de l’Energie   et sur ThinkSmartGrids

Blockchain dans le domaine de l’énergie : où en est-on ?

Conçue initialement pour gérer une nouvelle génération de monnaies et pour sécuriser des transactions sans tiers de confiance, la technologie Blockchain s’invite dans le paysage énergétique.

Promue par ses partisans comme un vecteur de transformation radicale du système énergétique, cette technologie suscite un intérêt croissant parmi les énergéticiens. Voire une certaine fébrilité. Un nombre croissant d’énergéticiens ont entrepris en 2017 et surtout en 2018 de conduire ou de s’impliquer dans toute une série de projets-pilotes et de « preuves de concept » L’année 2016 fut celle des premières expérimentations, généralement initiées par des startups, des collectifs locaux et quelques collectivités.

La mise en œuvre de la technologie Blockchain, et plus généralement, celle des Registres distribués (Bitcoin, Blockchain et Distributed Ledger Technologies) dans le domaine de l’énergie, coïncide avec le développement des Smart Grids, puis plus récemment des Microgrids, et de l’émergence de concepts tels que le « Transactive Energy » ; selon lequel chaque « consomm’acteur » doit pouvoir vendre ou acheter son électricité directement à son voisin, également consomm’acteur, de « boucles énergétiques locales » ou encore de « centrales électriques virtuelles ».

La plupart des énergéticiens ont entrepris en 2017 et surtout en 2018 de conduire ou de s’impliquer dans toute une série de projets-pilotes et de « preuves de concept » : en association avec des startups ou des collectivités locales, ou au travers de consortiums, comme EnergyChain ou Electron au Royaume-Uni.

Plusieurs des principaux énergéticiens collaborent au sein de l’Energy Web Foundation. Cette organisation mondiale à but non lucratif se concentre sur l’interopérabilité des solutions Blockchain dans de l’énergie.

Fondée par Grid Singularity et le Rocky Mountain Institute, elle compte 37 entreprises membres et affiliées, parmi lesquelles le français Engie, les américains Duke Energy, PG&E et Exelon, les allemands Siemens, E.ON et Innogy, le britannique Centrica, l’autrichien AGL, les belges Elia et Eandis, le hollandais Eneco, le suisse Swisspower et l’indien Wipro.

L’Energy Web Fondation a réuni un financement de 21 millions de dollars pour identifier et évaluer les cas d’usage les plus prometteurs de Blockchain, ainsi que pour la conception d’une plate-forme Open Source : la Energy Web Platform, adaptée à la mise en œuvre de ces cas d’usage. En avril 2018, l’Energy Web Fondation a lancé la version bêta de cette plateforme, Tobalaba, basée sur Ethereum.

Un flux incessant de rapports et de livres blancs produits par la plupart des grandes sociétés d’études et de conseil alimente cette fièvre et présente la Blockchain comme « la future colonne vertébrale des réseaux d’énergie intelligents ». L’édition 2018 du « World Energy Markets Observatory » (WEMO) consacre ainsi de très longs développements à la Blockchain. Le cabinet d’études Zion Market Research, évalue pour la seule année 2017 à 208 millions de dollars les dépenses consacrées à la Blockchain dans le secteur de l’énergie : elles pourraient même atteindre, selon Zion, environ 12 milliards de dollars en 2024.

Dans un rapport publié en mai 2018, Eurelectric, l’association professionnelle qui réunit les acteurs industriels de l’électricité en Europe, avait émis un certain nombre de réserves sur les promesses de la Blockchain et leur potentiel de croissance dans le domaine de l’énergie. Elle concluait que malgré sa valeur potentielle, l’avenir de la chaîne de blocs dans les systèmes électriques est incertain.

Entre temps, une équipe de chercheurs a entrepris de passer en revue près de 140 projets en cours : elle présente ses conclusions dans le dernier numéro de Renewable and Sustainable Energy Reviews. Selon ces auteurs, il est encore trop tôt pour préjuger de la capacité de la technologie Blockchain à contribuer à grande échelle à la modernisation du système énergétique.

Le rapport souligne cependant le potentiel théorique certain de la Blockchain à accompagner la décentralisation de ce dernier. EnergyCities, pour sa part, recense les projets-pilotes déployés en collaboration avec des villes.

La suite, à lire ici sur le site de Think Smartgrids

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