» Il faut changer, refondre, rénover le logiciel politique du PS « C’est, depuis quelques mois, un thème récurrent dans le discours des responsables socialistes.
Manuel Valls, à la Rochelle, cet été : « Nous avons du temps, plusieurs mois pour refondre le logiciel, la pensée du Parti socialiste. »
Fin août, c’était Laurent Fabius (Le Monde du 28 août 2002) : « Il faut promouvoir ces avancées par une mise en œuvre souple, décentralisée, souvent contractuelle, réactive. C’est en cela aussi que nous devons rénover le logiciel social-démocrate ».
En février 2002, c’etait Dominique Strauss-Kahn : « Les socialistes sont, pour partie, en train de fonctionner avec un vieux logiciel. Le logiciel évolue lentement. Il faut aider à le faire évoluer. »
Pendant la campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon s’en prenait au logiciel de Jean-Pierre Chevènement : « Sa nation est une ligne Maginot. Son logiciel est daté et inopérant ». (Nouvel Obs 21 février 2002)…
Le « logiciel républicain » de Jean-Pierre Chevènement
Quand Mélenchon ironise sur le le logiciel de JP Chevènement, il le fait, en tout connaissance de cause. Il sait que Chevènement revendique, avec force, et surtout, avec constance, la fidélité au « logiciel républicain » .
Le 29 août 1999, a Perpignan, lors de l’Université d’été du M.D.C, Chevènementt expliquait que le role du MDC est « d’incarner un logiciel républicain en tous domaines …S’il est un domaine privilégié où notre logiciel républicain sera utile, c’est bien celui de l’Ecole ».
Au 5 eme congrès du MDC, à Marseille, 10 septembre 2001, Chevènement brodait autour du même thème : « Qui, en effet, en dehors de nous, a fait l’effort de ressourcement idéologique dans le logiciel républicain : valeurs, principes, philosophie ? (…) Le logiciel du MDC est clair. Il séduit et attire. »
Pendant la campagne présidentielle, c’etait un lieu commun des discours de Chevènement. Exemple : « Le monde du travail devra être remis au cœur du logiciel républicain. » (Discours au Cirque d’hiver…).
Les verts ne sont pas en reste…
La motion du courant » Dynamiques vertes « , en 2000, proposait , purement et simplement de « changer le logiciel de la gauche » Dynamiques vertes
Déclinaisons et variations autour d’une métaphore
Autour de cette métaphore du logiciel politique, on observe un certain nombre de variations.
Le 8 décembre 2001, Arnaud Montebourg assimilant » institutions » et « matériel » , appelait à « changer le disque dur et, accessoirement, le logiciel. Pas seulement la disquette, tous les cinq ans : la gauche, la droite, la gauche… » (Le monde du 11.12.01).
Henri Emmanuelli, répondant à Dominique Strauss-Kahn, en février dernier, brodait , lui, autour de la distinction logiciel-système d’exploitation : « Ceux qui me demandent de changer mes logiciels semblent, pour leur part, avoir déjà changé de système d’exploitation, pour filer leur métaphore informatique. En réalité, la formule est creuse. » (Liberation 06.02.02).
Noël Mamère, en septembre 2001, s’en prenant à Lipietz, faisait un usage plus polémique de la metaphore : le virus. « La Corse, c’est un virus qui s’est introduit dans le logiciel politique des Verts, il est en train de nous infecter. Il faut tout de suite que nous trouvions un antivirus et que nos défenses immunitaires se réveillent pour que l’on arrête le massacre ».
Un simple effet de mode ?
Faut il y accorder de l’importance ?
Après tout, les responsables politiques passent leur temps à répéter les mêmes choses, à essayer de se faire comprendre … Pour se faire comprendre, ils utilisent toutes sortes de métaphores. Avec un tropisme pour les métaphores portives ou culinaires … En 2000, apres le Mundial, c’était le football. En 2001 et surtout 2002, c’est le logiciel….
Cette rhétorique du logiciel, chez les hommes politiques n’est peut être qu’une simple concession à l’air du temps. Ils chercheraient tout bonnement à créer une une connivence avec une partie du public. Après tout, le logiciel fait désormais partie de l’expérience commune de 50% des français …
Ou tentative de penser le changement ?
Et si cette métaphore du « logiciel politique » allait au delà de la commodité de langage, de l’effet de modernité ?
En parlant de « logiciel socialiste », les responsables politiques (comme les journalistes politiques, d’ailleurs) essayent peut être de saisir quelque chose de plus profond. Ils pressentent qu’il n’est pas facile de changer de logiciel (cela prend du temps… On ne peut pas en changer brutalement …), que le logiciel définit un espace de contraintes qui circonscrit et limite leur liberté d’action. Il y aurait, d’une part, ce qui est prévu, « programmé », et d’autre part, ce qui n’a pas été « codé » dans le logiciel socialiste.
Faut il accorder une signification au fait que certains parlent de » refonte « , d’autres de « rénovation » ou de simple « évolution » ?
Ping : Une “forge” pour refondre le logiciel socialiste ? « Travaux publics