DSK : de « The West Wing » à « Special Victims Unit »

Ce dimanche matin, je suis passé  par tous les sentiments : stupeur, incrédulité,  compassion, incompréhension.

En voyant les premières images, comme tout le monde,  j’ai pensé irrésistiblement à une fiction  hollywoodienne. Le scénario de la chute (le  héros échoue alors qu’il est en  passe d’atteindre le sommet). Celui de de la manipulation. Celui de la machine judiciaire aveugle.

Je pressentais, ce dimanche matin, que DSK était embarqué dans un long feuilleton, qui risquait de l’entraîner bien loin des palais présidentiels. Cette  affaire  (quelle qu’en soit l’issue) finira par  inspirer un film. Depuis  la Conquête, le cinéma français s’autorise désormais à docu-fictionnaliser des hommes politiques vivants et des episodes récents de la vie politique.

Le souvenir m’est revenu que The West Wing/A la Maison Blanche  était la série préférée de DSK. Le couple DSK- Sinclair avait dévoré la série  en DVD. Professeur d’économie, DSK avait dû s’identifier au Président Bartlet, Prix Nobel d’économie.

Un scénario hollywoodien ?Assez rapidement, les commentateurs évoquent, à propos de l’affaire DSK, un «scénario de thriller hollywoodien ». Si les  scénaristes hollywoodiens n’ont pas hésité, au cours des années 90, à mettre en fiction les frasques sexuelles des Présidents et des hommes politiques,  il ne s’agissait  cependant que d’adultére:  pas de viol.

  • Dave (1993) : le film s’ouvre sur une attaque cardiaque du Président des Etats-Unis en exercice : cette attaque cardiaque est intervenue suite à un rapport sexuel avec sa maîtresse ( Nelson Rockefeller connut un accident cardiaque mortel dans des circonstances comparables, avec sa jeune assistante)
  • Primary Colors (Mike Nichols,1998)  met en scène un personnage directement inspiré de Bill Clinton : en pleine campagne des primaires, les enquêteurs chargés d’anticiper les éventuels coups bas des adversaires du Gouverneur Stanton (John Travolta), apprennent qu’une adolescente prétend être enceinte du candidat. Finalement, des tests sanguins établissent  que Stanton n’est pas le père.
  • Wag the Dog (Barry Levinson, 1997)  a comme point de départ un  Président empêtré dans un scandale sexuel : pour faire diversion, il déclenche une fausse guerre-éclair contre l’Albanie.

Deux  exceptions notables cependant. En 1997, Clint Eastwood, était allé assez loin en imaginant, dans les Les Pleins Pouvoirs (Absolute Power) un Président des Etats-Unis, ivre et sadique  (Gene Hackman),  impliqué dans le quasi-meurtre de sa maîtresse (pour se défendre du Président,   elle s’empare d’un coupe-papier et est abattue par deux agents du Secret Service).

Ce  thème avait déjà été esquissé par Roger  Donaldson, dix ans plus tôt, en 1987 dans Sens  Unique (No Way out) : on y voyait un  Secrétaire à la Défense (Gene Hackman, encore lui)  qui tuait accidentellement sa maîtresse.

Special Victim Unit

Lundi matin parviennent les premières images de DSK, défait, mal rasé,  encadré par deux policiers. Il a  été interrogé toute la nuit dans le commissariat de Harlem, au nord de Manhattan, par la Special Victims Unit  (SVU), qui gère les cas d’agressions sexuelles. Avec la  SVU, on bascule dans la série policière.

La Special Victims Unit  de New York a accédé a la notoriété aux Etats Unis grâce à une série télévisée sur NBC : Law & order : Special Victims Unit (SVU).  Cette série en est à sa treizième saison, avec 272 épisodes. C’est une déclinaison (une spin-off) de la série Law & Order (connue en France sous le titre New York, police judiciaire), qui avait démarré en 1990 (20 saisons, 456 épisodes, de 1990 à 2010).

Contrairement à la série  New York, police judiciaire, qui met en scène des détectives et les assistants du procureur, les premiers sur le terrain, les autres devant les tribunaux), les épisodes de  Special Victims Unit (connue en France sous le titre New York Unité spéciale),  ne débouchent pas nécessairement sur  un procès. Ils sont, en revanche, souvent  inspirés de faits divers réels.

Le texte suivant apparaît  avant chaque épisode. : « Dans le système judiciaire, les crimes sexuels sont considérés comme particulièrement monstrueux. À New York, les inspecteurs qui enquêtent sur ces crimes sont membres d’une unité d’élite appelée Unité spéciale pour les victimes. Voici leurs histoires. »

Hasard troublant : le personnage du procureur Arthur Branch est interprété par Fred  Thompson, qui  mena en parallèle une carrière d’acteur tout en étant sénateur de 1994 à 2003. Fred  Thompson a même été brièvement candidat aux primaires républicaines en 2007, avant de se retirer au profit de John McCain.

Plus dure sera la chute 

Puis vinrent les images de  la salle d’audience. Plusieurs caméras. Des gros plans. Les images sont d’une grande qualité. Debout, avec une barbe de deux jours,  sans cravate. Hagard.  DSK a l’air  absent.

Sonné, comme un  boxeur. (Le lendemain, Lbération et Le Parisien titreront « K.O. » et « K.O. debout »). Plus dure sera la chute : ce titre de film m’est immédiatement venu à l’esprit. Toro Moreno, le boxeur de The Harder They Fall ( Mark Robson 1956) n’a pourtant rien a voir avec  le directeur général du FMI. C’est un boxeur naïf et pataud qui écrase ses adversaires. Il  remporte match sur match,  mais ignore que les matchs sont truqués. Jusqu’au match de trop.

Réel, trop réel 

Avec les images du tribunal, on change de registre. Nous ne sommes plus dans la fiction. Et les images qui surgissent  sont celles de Justice à Vegas, la  série documentaire produite par Jean-Xavier Lestrade sur la justice américaine.

5 réflexions au sujet de « DSK : de « The West Wing » à « Special Victims Unit » »

  1. Pour ma part j’ai regardé par le plus grand des hasards un épisode de la saison 2 de The Good Wife le 4 ou le 5 je pense.
    La série nous montre comme bien d’autres la justice américaine vue d’un cabinet d’avocat et du bureau du procureur.
    Alicia, the good wife, ex Hattaway d’Urgence où elle était la compagne de « what else » notre café favori…. a repris du boulot dans un cabinet d’avocat quand son mari procureur tombe pour une affaire de moeurs, le mari est emprisonné avant de ressortir de prison pour mener campagne pour être réélu procureur.
    Une masseuse appelle comme avocate Alicia, elle a été agressée sexuellement dans une chambre d’hôtel par le prix Nobel de la paix qui a obtenu cette récompense pour son action en faveur des femmes africaines.
    Cet homme est coupable mais la victime a peur d’affronter l’opinion publique et ne porte pas plainte.
    DSK est il le candidat procureur ou le prix Nobel, en tout cas l’histoire a été écrite bien avant ce week end.

  2. Élémentaire, mon cher Thomson.
    DSK à la remorque de JFK. Sa Majesté Brett Sinclair trouvera t-elle son juge Fu(l)ton ?
    Je parie qu’il y aura peu d’élus pour piger cette v.o. très o. de Maurice Ronai. Bravo à lui qui swingue dans le désert du Colorado aussi consciencieusement que s’il était sur la scène du Théâtre de la Ville.

  3. Comme çà DSK pourra toujours faire son cinéma (Mais c’est qu’il apparaît photogénique au tribunal, le DSK), comme Nanard l’avait fait avant lui à sa sortie de prison et qui sait, peut-être même sarkolito 1er quand il aura fini de rendre des comptes de sa politique à la nation, d’autant que Carlita est bien placée auprès de Woody allen… Ah le beau tiercé que voilà ! ARAMIS

  4. Je trouve que cet etalage de culture cinephile ressemble a une simple dissertation du secondaire sur le fantasme malsain qu’inspirent les turpitudes politiques ! Revenez a la realite !!

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