Donald Trump n’est pas Kurt Gödel

Depuis le 6 novembre, Rudy Giuliani et avocats de Trump cherchent une faille dans la Constitution pour permettre à Donald Trump de se maintenir au pouvoir. 

Ils ont tout essayé : deux recours auprès de la Cour suprême, contestation des résultats au Sénat et à la Chambre et demande d’un audit des résultats, puis l’ultime manœuvre consistant a demandé au vice-président Pence d’entraver la certification des résultats… 

 Cette quête de la faille, du loophole, dans la Constitution, qui permettrait d’inverser, en toute légalité, les résultats de l’élection rappelle l’épisode fameux de l’examen de naturalisation du logicien et mathématicien, Kurt Gödel, rapporté par Oskar Morgenstern, le père de la théorie des jeux. 

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D’Obama à Trump, de Ben Laden à Al-Baghdadi : Essai d’intericonicité

Cette photo a été postée sur Twitter quelques heures après l’assaut contre la résidence d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le  2 mai 2011.

Le visage fermé, Donald Trump assiste, en direct, dans la « situation room », à l’assaut mené par ses forces spéciales contre le chef de Daech. Il est entouré de son vice-président Mike Pence, du conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien, du secrétaire à la Défense Mark Esper, du chef d’état-major des armées Mark A. Milley, et du responsable des opérations de l’état-major des armées, le général Marcus Evans.

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Pourquoi la rhétorique antisémite de Trump va s’intensifier

Donald Trump aime bien affubler ses adversaires de surnoms dépréciatifs : Joe Biden est « Sleepy Creepy Joe », Hillary Clinton est « Crooked Hillary », et Bernie Sanders, « Crazy Bernie ». Autant de sobriquets que ses supporters aiment scander dans les meetings et relayer sur les réseaux sociaux.

Pour disqualifier Adam Schiff, le président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, en première ligne dans l’enquête visant à le destituer, Trump accole désormais à son nom le sobriquet « Shifty Schiff ». Comprendre : « Schiff le Sournois ». « Si vous pensez que cela sonne vaguement antisémite, vous avez raison », souligne Peter Beinart dans The ForwardRichard Silverstein rappelle qu’à l’époque de l’esclavage, les Blancs racistes traitaient les Noirs de « shiftless and lazy » (fainéants et paresseux) et que les antisémites qualifiaient les Juifs de « shifty and conniving » (sournois et fourbes). Lire la suite

L’effet West Wing

On célébrera cette année les 20 ans de la série The West Wing [1].

The West Wing a marqué les esprits : si elle donnait à voir les coulisses du pouvoir, si elle montrait (ce que l’on voit rarement) l’amont de la décision politique, les délibérations, les négociations et les compromis, elle proposait aux Américains utopie civique.

A partir de l’élection de George Bush, en 2000, la différence de comportement, de valeurs et de niveau intellectuel entre le président Bartlet et le Président Bush était tellement frappante qu’une grande partie de la population américaine trouvait dans TWW une forme de réconfort.

La triple actualité de The West Wing

  • Depuis l’élection de Trump, TWW retrouve la fonction réparatrice qu’elle avait assurée sous l’administration Bush : une fonction de refuge, voire même de thérapie. Josiah Bartlet est l’antithèse absolue de Donald Bush. Une partie du public américain se plonge (ou se replonge) dans TWW comme dans une « réalité alternative ». La série connaît des pics d’audience sur Netflix. La presse pointe régulièrement des phénomènes de « West Wing melancholy ».
  • Les primaires démocrates en 2019 et 2020 réactivent l’effet West Wing. On commence déjà à comparer les candidats aux personnages de la série : Elisabeth Warren est économiste comme le Président Bartlet, Julian Castro est latino comme Matt Santos. On sait déjà que TWW est la série préférée de Bernie Sanders.
  • Dans l’aile gauche du camp démocrate, le Président Bartlet a perdu son statut d’icône. Les démocrates qui s’étaient reconnus dans Bernie Sanders jettent désormais un regard critique sur TWW : ils contestent le style politique de Bartlet et son équipe (une approche morale de la politique), ses concessions (politiques mais aussi idéologiques) face aux Républicains, son manque d’ambition en matière sociale ou éducative, sa timidité dans le domaine de l’environnement. Ils portent un jugement sévère sur son bilan : de nobles discours mais peu de résultats. TWW illustre, selon eux, les renoncements du Parti Démocrate, son ralliement au libéralisme dominant. D’autres voix se font entendre pour pointer un casting quasi-exclusivement « blanc » et l’évitement par les auteurs de la série de la question raciale, pourtant omniprésente dans la vie politique américaine.

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Le Président en uniforme : de Bush à Macron, en passant par Matt Santos

L’apparition du président de la République en combinaison kaki  de pilote sur la base militaire d’Istres a suscité pas mal de commentaires. A l’exception du General de Gaulle, la tradition veut que les Présidents de la République, tout chef des armées qu’ils soient, conservent leur costume civil lors de leurs rencontres avec des militaires. Lire la suite

Quand le Président Bartlet faisait plier les Républicains sur la question budgétaire

Pour trouver une issue au bras de fer autour du relèvement du plafond de la dette, le Président Obama et les républicains du Congrès en appellent, chacun de leur côté, à l’opinion.

Barack Obama a lancé un appel lundi dernier aux Américains:  « Appelez vos représentants, dites-leur que vous voulez un compromis sur la dette ».  A peine son discours était-il terminé que plusieurs sites Web de certains membres du Congrès étaient en surcharge. Dès le lendemain matin, le centre téléphonique du Capitole a fait savoir qu’il était arrivé à la limite de ses capacités, avec plus de 40.000 appels entrants par heure, soit le double du trafic habituel. Lire la suite

P050111PS-0210 : la Situation Room. Retour sur une photo, ses détournements et ses effets de diplopie

Cette photographie a fait le tour du monde.

Publiée sur le compte Flickr de la Maison Blanche, elle ne porte pas de titre. P050111PS-0210 est son étiquette Flickr.

Nous sommes dans la Situation Room de la Maison Blanche, le 2 mai 2011 : le centre névralgique et symbolique de la puissance américaine. Barack Obama et son entourage suivent en direct sur des écrans de télévision l’assaut donné contre la forteresse où s’est refugié Ben Laden à Abbottabad. Et son exécution. Barack Obama et son entourage suivent en direct sur des écrans de télévision l’assaut donné contre la forteresse où s’est refugié Ben Laden à Abbottabad. Et son exécution.

Reproduite à des centaines de millions d’exemplaires par la presse, diffusée en boucle sur les télévisions, elle a donné lieu à des monceaux de commentaires et des centaines de parodies.

Avec 2,5 millions de visites, le cliché P050111PS-0210  est la photo la plus regardée de tous les temps sur Flickr.

D’où provient l’étrange attraction que cette photo exerce ? Ces visages tendus vers l’écran assistent ils, vraiment, aux images de l’exécution en live de Ben Laden ? L’apparente banalité de ce qu’elle nous montre, 14 personnes regardant un écran (le champ) tranche avec la brutalité de l’opération héliportée, à 11 000 kilomètres (le contrechamp). Des vidéos, au reste, que la Maison Blanche refusera de diffuser, malgré les demandes répétées de la presse et des Républicains.

La tension qui se lit sur les visages est elle celle de l’attente, de l’incertitude, ou celle du spectacle de la mort en direct ? Les visages expriment tout le spectre des émotions : angoisse, inquiétude, sérénité …. Que redoutent ils ? On sait, depuis, que cette opération, soigneusement préparée depuis plusieurs mois, était cependant hasardeuse : « Si l’on attend, il risque de nous échapper. Mais je ne peux pas vous assurer que Ben Laden est bien dans cette villa. Pas de photo, pas d’enregistrement, pas de preuve. C’est du 50-50 » aurait expliqué le chef de la CIA, Leon Panetta, à Barack Obama le 28 avril. Le succès de l’opération n’était pas acquis : la CIA et les militaires redoutaient qu’une partie de l’armée pakistanaise y fasse obstacle.

Le cliché P050111PS-0210 concentre et cristallise des enjeux stratégiques (l’exécution de Ben Laden referme le cycle ouvert par Bush et sa « guerre mondiale contre le terrorisme) autant que politiques (le succès de l’opération conforte Obama et le repositionne pour la campagne de 2012)

Un tournant pour la Présidence Obama

Obama est concentré : il a les traits tirés. A quoi pense-t-il pendant ces 40 minutes, dont il dira plus tard qu’elles furent «les 40 minutes les plus longues de sa vie » ?

Pour se faire élire, face à John McCain, ancien pilote de la Navy et héros du Vietnam, Obama avait dû convaincre qu’il avait l’étoffe d’un Commander in Chief. Face aux demandes insistantes des militaires de renforts en Afghanistan, il a pris son temps, avant de décider un « surge » de 30 000 hommes. Les républicains le présentent, depuis son élection, obstinément comme un Commander in Chief  faible et irrésolu. Et la presse comme un « chef de guerre réticent » (reluctant).

Quand il a appris, il y a quelques semaines, que la CIA a localisé Ben Laden, Obama sait qu’il tient une occasion unique de porter le coup de grâce à Al Qaeda, de refermer la parenthèse ouverte par le 11 septembre, de terminer la guerre contre le terrorisme, si maladroitement engagée par George Bush. Il sait aussi que l’opération est risquée.

La CIA et les militaires lui ont présenté, le 14 mars, trois options : un bombardement, un raid conjoint avec les services de renseignement pakistanais qui seraient mis au courant quelques heures seulement avant l’opération, l’assaut d’un commando héliporté. Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, vétéran de l’ère Reagan, est favorable à un bombardement. Mais il faudrait des tonnes de bombes pour  détruire la maison et ses occupants. Il ne resterait qu’un immense cratère et personne ne pourrait apporter la preuve que Ben Laden a péri. Le 28 avril, Obama donne son feu vert à l’opération héliportée, malgré le risque d’un échec catastrophique.

Alors qu’il suit l’intervention, en direct, Obama pense très certainement aux deux fiascos des forces américaines en Iran en 1980 (lorsque le président Jimmy Carter avait lancé une opération pour libérer les otages retenus dans l’ambassade américaine) et en Somalie en 1993 (lorsque deux hélicoptères Black Hawk avaient été abattus à Mogadiscio et les cadavres de soldats américains traînés dans les rues devant les caméras).

Le punctum : le geste d’Hillary Clinton

Parmi tous les visages, celui de Hillary Clinton affiche la plus grande émotion. Angoisse sur l’issue de l’opération ou terreur, comme si elle assistait à une séquence de film d’horreur ?

Ce geste, c’est le punctum du cliché P050111PS-0210.

Selon Roland Barthes, le punctum est ce détail, ce quelque chose, qui attire l’attention et à partir duquel on projette un peu de soi-même dans une photo.

La secrétaire d’état déclarera, par la suite, par la suite qu’elle souffrait d’un rhume des foins et qu’elle se retenait alors de tousser.

L’inconnue de la photo

Il y a une seconde femme sur la photo. Agée de 34 ans, elle aussi est la seule personne sur la photo ayant moins de 40 ans.

Il s’agit d’Audrey F. Tomason. Elle était jusqu’alors inconnue du public et même des spécialistes. La presse enquêta très vite et révéla qu’elle était analyste au Conseil de national de sécurité, en charge de la lutte contre le terrorisme. Et très probablement issue des services de renseignement.

Le contrechamp 

Les journalistes comme le public se sont immédiatement demandés ce que regardent au juste les protagonistes de cette scène.

On a su très vite que le commando qui donna l’assaut final était équipé de caméras numériques embarquées sur les casques. Selon la Maison-Blanche, le Président et ses conseillers n’ont pas assisté en direct à l’assaut. Ils auraient assisté à un mix entre des images filmées par les caméras du commando, des moments de visioconférence avec Leon Panetta, le directeur de la CIA, ainsi que des « briefings » écrits (textes et schémas).

Une controverse s’est engagée sur l’opportunité de montrer ou non au public les images de la mission. De brefs extraits furent d’ailleurs diffusés. Faute d’images, plusieurs médias américains ont entrepris de reconstituer, avec des images de synthese, le récit officiel de l’assaut.

L’auteur : Pete Souza

La photo est l’oeuvre d’un photojournaliste de 55 ans, Pete Souza. Il était photoreporter pour le Chicago Tribune quand Barack Obama a fait ses débuts à Washington début 2005. Il dirige depuis 2008 l’équipe de photographes de la Maison Blanche.

« Pete Souza est partout, sans cesse sur le qui-vive. Il vit à la Maison Blanche, littéralement ; il y est 24 heures sur 24, et s’il y a des images à faire à 4 heures 30 du matin, il est là, frais et dispo. Une porte s’entrouvre, Pete se glisse à l’intérieur, puis la porte se referme. Les autres n’entrent pas, et c’est comme ça, chacun le sait… Il est le seul à être témoin d’à peu près tout ce qui se joue dans l’entourage d’Obama, et c’est ce qui s’est passé pendant la nuit de l’assaut ».

Il prend souvent Obama de dos.

La situation room, épicentre de la puissance américaine

La Situation Room est située sous l’aile Ouest de la Maison Blanche. Elle est équipée de matériels de communication de pointe et sécurisés permettant au président de commander et de contrôler les forces armées des États-Unis à travers le monde. Elle comprend 3 salles de conférences principales, un bureau présidentiel et une salle de veille : le Watch Center. Sa construction fut décidée en mai 1961 après que l’échec du débarquement de la Baie des Cochons fut attribué à un manque d’informations en temps réel.

Une photo prise sur le vif

La question de savoir si la photo a été mise en scène, si elle a été posée ou si elle a saisi un moment de vérité est évidemment centrale. Les confrères de Pete Souza admettent sans difficulté que cette photo a été prise sur le vif.

« Pete était là pendant toute cette réunion. Il n’est donc pas rentré à la hâte pendant deux minutes pour immortaliser l’instant puis repartir sur la pointe des pieds ; non, il est là, c’est tout, ça fait partie de sa façon de travailler… Et on ne fait pas ce genre d’images à la hâte, croyez-moi, on la fait parce qu’on est là pendant un long moment et qu’on connaît son métier ».

Un leadership collaboratif

Si la photo a été prise sur le vif, il reste que Pete Souza et les communicants de la Maison-Banche ont choisi cette photo parmi des des dizaines d’autres. Le choix de cette photo, le cadrage, la disposition des participants, les gobelets vides sur la table, les tenues décontractées,  ont donné lieu à d’innombrables commentaires.

Barack Obama n’est pas au centre de la pièce mais à la gauche du cadre. Il est assis sur une chaise plus basse que les autres. Signe d’un type de leadership collaboratif.  Message d’une équipe « égalitaire » : à l’heure décisive de l’assaut, le président n’est qu’un parmi les autres.

 Une photo retouchée

Une analyse détaillée de l’image montre que celle-ci a été légèrement modifiée pour faire ressortir la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton. La partie gauche du visage de Barack Obama a été rehaussée, pour faire ressortir son visage, de même que les décorations du général assis à côté de lui. La cravate de l’homme complètement à droite de la photo a été largement retouchée, peut-être pour faire disparaître le badge de la personne, qui permettrait son identification.

La carte militaire floutée

Sur l’ordinateur portable posé devant Hillary Clinton se trouve un document, probablement une carte militaire, qui a été ostensiblement floutée. Ce floutage laisse penser que le document est extrêmement confidentiel. Pourtant, l’analyse de l’image révèle que les éléments autour de cette carte ont été au contraire volontairement rehaussés. La post-production vise vraisemblablement à diriger le regard sur ce document. Cette modification pourrait avoir servi, entre autres, à donner un caractère ultraconfidentiel à cette scène et à donner à la secrétaire d’État une image de compétence en matière militaire.

Photographies et photographes officiels

C’est John Kennedy qui a le premier eu un photographe en résidence permanente à la Maison Blanche. Bush n’aimait pas que tout soit immortalisé. Reagan (1981-89), qui bien sûr avait l’expérience du cinéma, leur accordait une grande importance… Clinton lui, était assez détendu, mais attentif

« Obama n’a pas un intérêt particulier pour l’image. Il sait, bien sûr, que ça compte, mais ça ne le préoccupe pas vraiment. Je suis persuadé que, bien souvent, il ne remarque pas que Pete Souza est dans la pièce. Il ne le voit plus ».

La photographie, un des leviers de la communication d’Obama

La Maison Blanche entretient sa propre « galerie » sur le site de partage de photos Flickr. Elle y ajoute 75 clichés par mois, destinés à montrer la présidence, côté coulisses. Le fonds contient déjà plusieurs milliers de photos dans lequel tout le monde peut puiser gratuitement, le public comme la presse. L’administration Obama met en ligne, toutes les semaines, sur le site WhiteHouse.gov un petit résumé en images, façon « actualités » des salles de cinéma des années 1950 : « The West Wing Week ».

Memes et parodies

Le cliché P050111PS-0210 a donné lieu, dans les heures qui ont suivi, à toute une série de détournements.Retravaillées sous Photoshop, ces parodies ajoutent toute une série de personnages ou d’éléments qui brisent le côté hautement dramatique de la scène.

Selon Anne Lesme (Aix-Marseille Université) ,  « une des premières versions Photoshop est postée sur le site Reddit le 2 mai. Plusieurs blogs ou sites d’information technologique lancent des concours Photoshop (Buzzfeed, Wired…), dont le vainqueur est choisi le 6 mai. Le commentaire, constitué par la retouche et la nouvelle lecture qui est faite, apparaît de plus en plus comme un prétexte à participer et à échanger dans le cadre d’un anonymat favorable à la rapidité de l’échange».

 « La version qui laisse voir des acteurs remplacés par des super-héros est la plus diffusée . Obama y apparaît en Captain America alors que le Brigadier-général Brad Webb revêt les traits et l’habit de Superman et qu’Hillary Clinton incarne une Wonder Woman aux traits fatigués. Le résident américain est toujours aux commandes de la situation lorsqu’il actionne une manette de Play-Station (fig. 23) dans Obama – the gamer, le confortant dans sa réputation de nerd, un Président féru de nouvelles technologies et lui-même joueur de jeux vidéo».

 

« La technologie continue d’occuper une place prépondérante lorsque l’ensemble des acteurs est portraituré avec des lunettes en 3D, suggérant à la fois une retranscription de l’opération à la pointe de la technologie et d’autre part, laissant entrevoir la dimension divertissante d’un véritable spectacle médiatisé par des écrans». 

Diplopie :  « Mister President, there is a situation »

La Situation Room est devenue, de film en film, un haut lieu des fictions présidentielles. Si les affaires civiles se discutent et se tranchent dans le Bureau ovale, la Situation Room est, avec la valise nucléaire, l’un des attributs du Commander in Chief. On y débat du recours à la force. On y debriefe le Président sur les derniers développements d’une crise ou d’une expédition. On y suit, en temps réel, la conduite d’une opération. Le procédé dramatique qui consiste à montrer le Président et ses conseillers assistant, en direct, à la « résolution d’une crise » est de plus en plus courant dans les les fictions présidentielles.

Une fois de plus, les images de West Wing, de 24 heures Chrono, ou de Commander in Chief contaminent le réel. Une fois de plus, des images hollywoodiennes semblent avoir précédé et préfiguré l’évènement lui-même. D’où ce sentiment bizarre de déjà-vu.

On appelle « diplopie » le « trouble fonctionnel de la vision qui se traduit par la perception de deux images pour un seul objet ». Voir double, en somme.

DSK : de « The West Wing » à « Special Victims Unit »

Ce dimanche matin, je suis passé  par tous les sentiments : stupeur, incrédulité,  compassion, incompréhension.

En voyant les premières images, comme tout le monde,  j’ai pensé irrésistiblement à une fiction  hollywoodienne. Le scénario de la chute (le  héros échoue alors qu’il est en  passe d’atteindre le sommet). Celui de de la manipulation. Celui de la machine judiciaire aveugle. Lire la suite

L’acte de candidature de DSK serait-il passé inaperçu ?

Depuis que Dominique Strauss-Kahn a été nommé à la tête du FMI, ses partisans attendent avec impatience qu’il annonce sa candidature ou, à défaut,  qu’il émette un « signal ». Sa position de directeur général du FMI lui interdit de s’exprimer.  Le calendrier des primaires socialistes lui impose de sortir du silence.  Il est devenu, selon la formule du député socialiste Jean-Jacques Urvoas,  « l’Imam caché » : ses partisans  scrutent  les signes de ses intentions et de son retour. Lire la suite

West Wing Saison 8 : Une semaine comme les autres à la Maison Blanche…

Les journées de Barack Obama font irréstiblement penser à un épisode de West Wing.
Ainsi, cette semaine, du 25 au 31 mai, Obama aura dû faire face et gérer presque simulanément,  les tirs de missiles et les menaces nord-coréennes,  le dépôt de bilan de General Motors, la reprise du dialogue avec Cuba (qui accepte de rouvrir les négociations sur l’immigration cubaine), un attentat au Pakistan  (30 morts   250 autres blessés), une partie de bras de fer avec Benyamin Nétanyahou sur  l’extension des colonies en Cisjordanie, des fuites dans la presse de photos prises dans la prison irakienne d’Abou Ghraib. Lire la suite