De l’interview accordée à Glenn Greenwald dans une chambre d’hôtel à Hong-Kong à l’épisode de l’interdiction de survol en Europe de l’avion du président bolivien Morales, en passant par l’épisode du faux départ à bord d’un avion de la compagnie russe Aeroflot, l’affaire Snowden, pour dramatique qu’elle soit, commence à prendre la tournure d’une fiction hollywoodienne. Avec des rebondissements désormais quotidiens.
Des vidéastes chinois ont entrepris de reconstituer le premier épisode de cette série. Cette vidéo retrace l’arrivée du consultant de la NSA à Hong-Kong, le 20 mai dernier, la surprise des services secrets américains quand ils apprennent sa présence, les réactions de la police hongkongaise, les hésitations d’un grand quotidien local sur le traitement qu’il convient de réserver a cette affaire.
Cette vidéo de 5 minutes a été filmée en moins d’une semaine. Elle a été baptisée par ses auteurs Verax. Verax est le pseudonyme utilisé par Snowden pour communiquer par mail avec certains de ses interlocuteurs. Verax : « celui qui dit la vérité ».
Dans une interview, le cinéaste australien Philip Noyce (Un Américain bien tranquille, Patriot Games, Clear and Present Danger, Salt) et avide lecteur de tous les articles qui se rapportent a cette affaire, imagine aisément le film qu’il pourrait en tirer. « C’est un véritable film qui se déroule sous nos yeux, même si nous disposons de peu d’images. Comme dans mon dernier film, Salt, c’est une histoire dans laquelle on ne sait pas très bien si le héros est positif et négatif. Et il faut attendre la fin de l’histoire pour le savoir ».
Nous avions rencontré, Emilio Pacull et moi, Philip Noyce pour le tournage de Opération Hollywood.
Spécialiste de films à gros budget, Noyce avait bénéficié du soutien du Pentagone pour deux de ses films : Jeux de guerre (Patriot Games), 1992, et Danger immédiat (Clear and Present Danger), 1994, deux thrillers politiques adaptés des romans de Tom Clancy et mettant en scène Jack Ryan ( Harrison Ford). Noyce nous avait présenté une approche cynique et décomplexée des relations qu’il entretenait avec les officiers de liaison des forces armées auxquels il soumettait ses scénarios. « Ce qui nous intéresse, à Hollywood, c’est de faire de meilleurs films, des productions à grand spectacle pour que le public en ait le maximum pour son argent. Il n’est pas difficile de comprendre nos motivations. Du coup, on ruse, on leur dit : « Pas de problème, ça, on l’enlève. » ou « Non, ce n’était pas du tout notre intention » quand ils nous soupçonnent de vouloir aborder des sujets qu’ils ne veulent pas voir aborder. Il nous arrive même de leur donner des scénarios où nous avons retiré les pages pouvant poser problème. En général, ils le savent, ils ferment les yeux et ça devient une négociation, comme dans toutes relations humaines ».
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