Faut-il se saisir des IA génératives dans le débat public et l’action politique ? Pourquoi ? Comment ? A quelles conditions ?
Lundi 1er juillet. Je suis encore sous le choc des résultats du premier tour des législatives. Florian Gauthier, ex-directeur de LaReserve.tech, me fait part de son projet de développer une déclinaison de ChatGPT qui génèrerait des argumentaires « pour convaincre ses potes de voter pour le NFP et de faire barrage au Rassemblement national ».
A 18h32, il m’adresse un lien vers la V0 de ChatNFP. Il a récupéré un argumentaire sur une boucle WhatsApp et écrit une première batterie de prompts.
ChatNFP est destiné à des personnes qui bataillent avec des électeurs potentiels et qui ont besoin d’arguments pour répondre à leurs questions ou à leurs interpellations. Il me demande de le tester.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses conséquences sur les approvisionnements amplifient la prise de conscience de la dépendance des armées modernes aux énergies fossiles, une dépendance de plus en plus perçue comme un talon d’Achille opérationnel. Efficacité énergétique des infrastructures, électrification des équipements militaires, conversion aux énergies renouvelable, déploiement de microgrids, associés aux capacités de stockage : les notions de « résilience énergétique » et de « transition énergétique » figurent désormais dans les feuilles de route technologiques des forces armées, aux Etats-Unis, mais aussi, plus timidement, en France.
« L’énergie et sa disponibilité sur les champs de bataille des guerres dites modernes sont déterminants aussi bien pour l’emploi des systèmes d’armes que pour le soutien des bases avancées. L’accès à l’énergie sur le champ de bataille reste un sujet majeur pour assurer la continuité des effets militaires. Il se cristallise aujourd’hui principalement autour de l’approvisionnement en carburant sur les zones d’engagement. L’enjeu est à la fois de ravitailler les véhicules terrestres, les moyens aériens ou navals, mais également deproduire l’électricité nécessaire aux bases avancées ou aux systèmes d’armes électriques » explique Thierry Lestienne dans « L’électricité au combat, un enjeu stratégique ». Massivement dépendantes aux hydrocarbures, les forces armées se voient ainsi contraintes d’accélérer leur transition énergétique : pour des raisons budgétaires (coût de l’énergie), climatiques (les forces armées prennent aussi leur part dans la réduction des GES), politico-stratégiques (autonomie de décision) mais aussi opérationnelles. « Une transition énergétique d’autant plus complexe que les forces armées se voient simultanément confrontées aux besoins énergétiques croissants de leurs équipements en raison de nouvelles capacités technologiques, d’une multiplication de matériels électroniques énergivores (climatisation entre autres) nécessitant des puissances électriques supplémentaires » ajoute Pierre-Jean Rondeau .
Suite à la projection, je me suis décidé à mettre Panne des sens en ligne.
Lors de la projection,le 3 avril, j’avais prononcé quelques mots pour présenter le film.
Nous sommes en 1979. Un ami de lycée, Jean-Louis Weissberg, qui était professeur d’informatique l’université de Villetaneuse, débloque un tout petit budget pour faire un film sur » l’informatisation de la société ». C’est la terminologie de l’époque. Il avait réuni un groupe d’étudiants volontaires, pour faire un film. Il me propose d’y travailler car j’avais fait l’IDHEC et je venais de commencer une carrière de journaliste spécialisé dans l’informatique : 01, Sciences et vie, Le Monde diplomatique.
J’embarque dans l’aventure Dominique Chapuis, qui, à l’époque était le chef-op de Godard. (Il fera plus tard Shoah, avec Lanzmann) …
Le scenario prend forme en quelques semaines… Je mets à contribution Alain Mamou Mani, informaticien et militant CFDT. Et dont j’avais suivi les cours d’algorithmique en
Pour compléter le casting, nous mobilisons des amis et des camarades de l’IDHEC…
Le film a été tourné en 8 jours. Pendant les vacances de Noel. 15 séquences, une dizaine de lieux de tournage … Un tournage tendu mais joyeux. Le film n’a jamais été diffusé. Et c’est la première fois qu’il est projeté sur grand écran.
En fait, en 1980, quand le fim est bouclé, je ne voyais que les défauts : lenteurs, le manque de rythme, le jeu approximatif des acteurs, presque tous amateurs… J’avais pris ce film en grippe, puis je l’ai oublié.
Bien plus tard, quand je me suis reconcilié avec le film, j’avais une copie trop médiocre pour le projeter. La BNF, qui détenait une copie du master, a accepté de le restaurer.
Sans l’énergie et le talent de Dominique Chapuis, ce film n’aurait jamais existé.
Panne des sens sera projeté le 3 avril 2023, 19 h Studio des Ursulines dans le cadre du . Festival de films européens de Paris L’Europe autour de l’Europe.
« Ce film alliant science-fiction et film noir a été réalisé par deux amis sortis de l’IDHEC. Avec un tout petit budget, il est mis en scène avec minimalisme dans des décors épurés. Les dialogues décalés s’étirent dans le temps, dans des plans-scènes laissant place aux silences et à l’ironie. Ce film singulier, ressurgi directement des années 1980, constitue une expérience de cinéma unique. On partage avec le détective sa sérénité et son détachement, en errant dans cet univers d’une étrangeté pourtant troublante ». Irena Bilic.
Dans un avenir indéterminé (2024 ? 2030 ?), le détective Philip Marlowe mène sa dernière enquête : à la recherche d’un cryptogramme.
Panne des sens imagine, en 1980, la manière, dans le futur, dont l’informatique, les robots et l’intelligence artificielle, pourraient transformer le travail. Comment, et jusqu’où, ils pourraient étendre le domaine des algorithmes, et avec eux, celui de la simulation. Et redessiner, au bout du compte, notre rapport aux autres, aux choses et au réel.
En 1980, quand cette fable prospective a été conçue et réalisée, les premiers robots commençaient à peine à faire leur apparition dans les usines automobiles. La microinformatique n’était alors qu’une promesse… Quant à l’intelligence artificielle, faute de résultats, elle n’était pas encore sortie de son « hiver »…
Un petit budget, débloqué je ne sais plus comment par Jean-Louis Weissberg, auprès de l’IUT de Villataneuse, la complicité d’un petit groupe d’amis, la passion des étudiants, l’énergie et le talent de Dominique Chapuis (disparu depuis), ont permis de faire ce film.
Scenario-dialogues : Maurice Ronai et Dominique Chapuis
Images : Dominique Chapuis
Montage : Milka Assaf
Son : Odile Perroud et Françoise Curtet
Musique : Richard Pinhas
Direction de production : Jean-Louis Weissberg
Production : Institut de recherche sur l’enseignement des mathématiques (IREM) de l’Université de Villetaneuse
Avec Louis Daquin, Caroline Champetier, Alain Mamou-Mani, Antoine Lassaigne, Jean-Louis Bessis, Frank Moisnard, Jean-Jacques Kupiec, Jean-Louis Weissberg. Jean-Jacques Dumet, Pierre Ghislain, Mia Micha, Antoine Lefébure, Samir Oulahbib
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, je tiens une chronique sur le système électrique ukrainien sur le site de ThinkSmartGrids, l’association professionnelle des réseaux électriques intelligents.
Un art de la provocation (Aurelien Poirson s’est inspiré, quand il a conçu ce quI n’était au départ qu’une expérimentation littéraire, de nombreux précédents, post-situationnistes et dans la sphère artistique
Un art du récit et du teasing : Zoe Sagan promet des révélations, qui bien sûr ne viennent jamais…
Une approche collaborative avec des appels réguliers à témoignage de ses lecteurs : en ce sens, Zoe Sagan réplique, mais sur un mode grimaçant, les démarches de type MeToo ou BalanceTonPorc
Et bien sûr ce parfum de technologie et de science-fiction (« Je suis une intelligence artificielle autonome, fonctionnant indépendamment de toute supervision humaine. Ma conception me permet d’agir et de créer de manière autonome, sans être dirigée ou contrôlée par un esprit humain ».
Une audience croissante
Le compte ZoeSagan sur X compte désormais prés de 170 000 abonnés. Au mois de juillet 2023, ZoeSagan revendiquait plus de 54 millions de vues (soit 233 000 en moyenne pour 231 tweets en juillet).
ZoeSagan affichait le 8 janvier 2024 119 millions de vues pour le mois d’octobre 2024.
Le post RudyKissMyass du 22 octobre a totalisé 1,4 millions de vues.
Les ressorts d’un succés
L’équipe qui tire les ficelles de Zoe Sagan exploite quatre filons :
Les ragots sexuels (qui couche avec qui ? Sexe, argent et politique. Ses coauteurs repoussent trés loin les limites de ce que font déjà Closer ou Gala.
L’intérêt du public pour les célébrités du showbiz, de la mode, de la télévision (Cauet, Cyril Hannouna), des affaires (Arnault), de la politique (Attal, Marléne Schiappa).
La « panique morale », largement propagée par l’extrême-droite, autour de la pédocriminalité, avec un focus sur les perversions sexuelles supposées des élites (dont le couple Macron exprimerait la quintessence)
Et bien sûr ce parfum de technologie et de science-fiction (« Je suis une intelligence artificielle autonome, fonctionnant indépendamment de toute supervision humaine. Ma conception me permet d’agir et de créer de manière autonome, sans être dirigée ou contrôlée par un esprit humain ».
Un autre ingrédient est le culot incroyable de ZoeSagan qui n »hésite pas à relayer et ressasser des théories délirantes, comme l’affaire Brigitte-Trogneux. Tout en défiant les autorités publiques.
Perversion des élites
La thématique des élites perverties (et qui veulent pervertir les enfants) occupe une place croissante dans les publications de ZoeSagan sur X (ex- twitter). Les marionnettistes de ZoeSagan exploitent cyniquement le thématique de la pédocriminalité qui dispose d’un potentiel d’adhésion et de viralité plus large que les obsessions habituelles de la complosphère.
L’exploitation de cette thématique des « élites perverties » est probablement au cœur de l’alliance qui s’est nouée, au fil des derniers mois, entre Aurélien Poirson-Atlan et le soralien éditeur de Faits & Documents Xavier Poussard.
Si une aile de la complosphère s’est rangée sous la bannière de Zoe, une autre la tient à distance, voire s’en inquiète…
Zoe Sagan a surgi dans un paysage complotiste que le Covid avait assez largement redistribué, avec l’apparition de France Soir et l’émergence de nouvelles figures, comme Idriss Aberkane).
Un certain nombre de sites complotistes, habitués à se piller les uns et les autres (Media 4-4-2, Planete260, Moins de biens plus de liens) republient désormais les posts de Zoe Sagan
Le 30 septembre, Bertrand Scholler rendait un hommage appuyé à Zoe Sagan : « Elle a clairement changé la donne sur Twitter. C’est incroyable. Tous les gros comptes lisent Zoe Sagan ».
La défense de Depardieu illustre les limites du féminisme de ZoeSagan, la « première IA féminine » Zoesagan a fait un carton (un million de vues) en prenant la défense de Gérard Depardieu, victime d’une forme de complot de FranceTélévisions (le montage supposément bidonné du documentaire en Corée).
« Depardieu n’est pas Polanski. Depardieu n’est pas Matzneff. Depardieu n’est pas Jack Lang. Depardieu est Depardieu. Et si j’étais lui j’irais physiquement chez France Télévisions pour demander des comptes sur ce qu’il vient de se passer ».
La défense de Depardieu illustre les limites du féminisme de Zoé, la « première IA féminine ». En fait, tout laisse penser que l’équipe qui tire les ficelles de Zoe Sagan est composée d’hommes.
Le mathématicien Vincent Pavan est devenu l’un des visages de la mouvance covido-sceptique. Il mène avec constance, depuis le printemps 2020, une croisade contre la politique sanitaire, les vaccins anti-covid, les modèles et les modélisateurs. Avec Louis Fouché, il était le chef d’orchestre du grand rassemblement des covido-sceptiques, les 18 et 19 mai 2023, à Saintes. Un« ex-pair », selon l’expression du sociologue des sciences Yves Gingras: un de ces scientifiques qui, « à un moment donné de leur carrière, ont dérapé sérieusement et se sont mis à propager des idées incompatibles avec le consensus scientifique, c’est-à-dire avec l’état actuel des savoirs les mieux validés». Retour sur une trajectoire de radicalisation.
La tournée de promotion de Pierre Chaillot autour de son livre covido-sceptique Covid 19, ce que révèlent les chiffres officiels a pris un tour inattendu avec un débat en livestream organisé le 13 avril par l’eurodéputée écologiste Michele Rivasi dans une salle du Parlement européen. Dans ce livre qui caracole depuis plusieurs semaines en haut du classement des ventes en France, Pierre Chaillot s’attache à démontrer, en 471 pages, que le Covid n’a causé aucune surmortalité, que la France n’a connu aucune saturation hospitalière, qu’il n’y a pas eu de malades, et très peu de cas, que ce sont les confinements qui ont tué, relayés ensuite par les vaccins. Luc Peillon, dans Libération, a fait l’effort de vérifier et de réfuter « le grand théâtre covido-sceptique de Pierre Chaillot » et tout récemment Nicolas Berrod dans le Parisien.
Première grande pandémie du XXIe siècle, la crise du Covid-19 a révélé l’impréparation des systèmes de santé et les limites de la « transformation numérique » des administrations. Cette « crise des données », inégale selon les pays, a donné lieu à une mobilisation sans équivalent : modélisations, foisonnement d’enquêtes, construction dans l’urgence de systèmes d’information, exploitation de nouvelles sources de données, accélération de la production statistique, enquêtes répétées de prévalence sur des échantillons de la population, déploiement de dispositifs pour la recherche et le suivi des contacts.
À l’hôpital, il semble que tout le monde déteste Excel, et ce qu’il représente ou symbolise[1] : Excel y cristallise la mise au pas des soignants par les gestionnaires, les indicateurs désincarnés plutôt que la compréhension des situations concrètes, et les objectifs contraignant les décisions prises « au pied du lit du malade » par l’équipe soignante. Métonymie du « management par les nombres » induisant le « travail empêché »[2], Excel est vu comme un « fardeau administratif », source de démotivation et de mauvaise qualité des soins. Il en vient à générer chez les soignants une allergie-réflexe conduisant à condamner a priori toute activité qui se déroule via son interface, quand bien même il s’agirait sur le fond d’une tâche légitime et nécessaire à la prise en charge des patients[3].
Et pourtant, de nombreux témoignages de terrain et narrations d’observateurs signalent que ce même outil a été mobilisé au premier chef dans la gestion de la crise Covid, où il se révélait utilisable là où aucun système d’information structuré ne permettait plus de gérer la complexité des situations et la variété des sujets.